Qu'est-ce que le REP ?
En République Dominicaine, le cacaoyer est cultivé en association avec d’autres végétaux. C’est une pratique courante des producteurs dominicains de planter diverses espèces sur leurs parcelles. Ce mode de culture, riche en biodiversité, est appelé « Agroforesterie » lorsqu’au moins une des espèces cultivées en association est une plante ligneuse vivace. Ce sujet est au coeur de notre projet. L’agroforesterie permet de diversifier la production et ainsi récolter une grande variété de fruits, légumes ou bois pour la consommation familiale, la consommation animale ou pour la vente. De plus, la diversité des plantes cultivées génère de nombreux avantages dans l’équilibre écosystémique.
Le Réseau Expérimental Participatif (REP) apparait comme une expérience scientifique en trois étapes qui s’appuie sur les connaissances locales des cacaoculteurs et de leurs familles pour optimiser les bénéfices de l’agroforesterie.
1ère étape
La première étape a consisté à réunir des groupes de producteurs de différentes régions du pays pour développer de nouveaux modèles de culture des cacaoyers, cherchant à améliorer les revenus générés par les plantes cultivées sur la parcelle.
2ème étape
3ème étape
On peut dire que le REP est un essai scientifique qui implique les familles de producteurs et s’appuie sur plus de 60 espèces cultivées aujourd’hui dans les plantations dominicaines pour créer et tester des systèmes agroforestiers innovants qui génèrent de meilleurs revenus.
Mais comment est née cette expérimentation et quels sont ces modèles d'agroforesterie ?
Ce diagnostic a mis en évidence 5 grandes réalités de la production cacaoyère dominicaine :
Ce diagnostic a suscité l’intérêt (et l’inquiétude) de 6 chocolatiers français (Valrhona, Weiss, Révillon, Voisin, Carambar et AlterEco) et l’association de pâtissiers « Relais Desserts » à 3 niveaux :
Comment associer à l’image du cacao dominicain le bénéfice de la grande biodiversité qui lui est associée?
Peut-elle être préservée telle qu’elle est aujourd’hui ?
Le caractère original et unique du Réseau Expérimental Participatif est double :
1. Les producteurs sont impliqués
Il s’agit d’une expérimentation menée dans les fermes des producteurs et non en « environnement contrôlé ». Les producteurs volontaires signent une convention avec le projet dans laquelle ils s’engagent à dédier un espace sur leur ferme pour expérimenter un ou deux modèles de leur choix. Dans cette convention, ils s’engagent à respecter le protocole d’installation de chaque parcelle et à fournir la main d’œuvre pour les tâches prévues. De plus, ces producteurs soutiennent l’équipe technique de Cacao Forest en tenant des registres des revenus (récoltes) et des dépenses (intrants, main-d’œuvre) liés aux parcelles. De son côté, le projet s’engage à faciliter l’assistance technique, la formation agronomique et scientifique pour la collecte des données, ainsi que les intrants (plants, engrais, outils) nécessaires à la conduite de l’expérimentation.
2. Le REP est adapté à leur réalité
C’est un réseau évolutif, c’est parce que le projet Cacao Forest cherche à adapter les modèles élaborés à la réalité de la campagne dominicaine et aux différents défis des producteurs, qui vont de la gestion des maladies, la gestion de l’ombrage et l’entretien des parcelles, à la commercialisation des cacao et produits associés. Chaque changement ou modification apporté à un modèle est documenté et enregistré. Les modèles développés disposent d’un délai de 3 à 5 ans pour obtenir des données suffisantes pour obtenir des informations précises sur les revenus, les coûts et les bénéfices et ainsi pouvoir les évaluer dans une approche économique, agronomique et écologique.
Les modèles agroforestiers
Les modèles agroforestiers sont l’axe autour duquel s’articule le REP du projet. Chaque modèle associe différentes variétés de cacao avec une combinaison d’espèces de plantes cultivées, toutes choisies par les producteurs et techniciens qui ont participé aux ateliers d’élaboration. Il existe deux modèles qui ont été suggérés par des producteurs et des techniciens de la province de San Cristóbal.
Ces modèles sont basés sur un total de 8 variétés de cacaoyers, qui se répartissent en 4 variétés pour le modèle N°1 (ICS-39, ML-4, ML-103 et UF-221) et 4 variétés pour le modèle N°2 ( GS-36, ICS-95, ML-22 et UF-676). De plus, ils comprennent au total 16 espèces de plantes cultivées en association avec les variétés de cacaoyers citées, dont 9 espèces dans le cas du modèle n°1 (Avocat, Bon pain, Noix de coco, Corossol, Mandarine, Orange amère, Bananier, Yautía et Zapote) et 10 espèces dans le cas du modèle n° 2 (Avocat, Acajou africain, Gingembre, Higuereta, Citron persan et créole, Melina, Bananier, Chêne créole et Yautía).
Il existe deux autres modèles qui ont été proposés par des producteurs et des techniciens de la province de Duarte. Ces modèles sont basés sur un total de 15 variétés de cacaoyers, qui sont réparties en 10 variétés pour le modèle n°3 (ICS-1, ICS-39, IML-44, IML-53, ML-66, ML-103, RZ- 12, RZ-44, RZ-83 et RZ-100) et 7 variétés pour le modèle N°4 (ICS-39, ICS-95, IML-53, IML-119, ML-22, ML-105 et UF-296 ). De plus, ils comprennent au total 13 espèces de plantes cultivées en association avec les variétés de cacaoyers citées, dont 8 espèces dans le cas du modèle n°3 (Avocat, Bija, Coco, Orange douce et aigre, Piñon de Cuba, Banane et Yautía) et 9 espèces dans le cas du modèle n°4 (Avocat, Curcuma, Gingembre, Poivre, Piñon de Cuba, Banane, Orange douce et aigre, Yautía).
Enfin, une expérimentation nécessite toujours un témoin, qui sert de référence pour pouvoir comparer la portée des 4 modèles développés non seulement entre eux mais aussi avec (i) le modèle traditionnel de la culture du cacao dans chaque province appelé « Business as usual « . ” (BAU) et avec (ii) le modèle classique de culture du cacao tel que recommandé dans la plupart des guides techniques d’Amérique latine : le modèle agroforestier simple qui associe le cacao au plantain.
Modalités d'application des modèles
Chaque modèle est évalué sur le terrain selon deux modalités :
Développement
Réhabilitation
Pour chaque modalité, il y a 3 répliques de chaque modèle qui sont installées dans les fermes de producteurs. Enfin, dans chaque province, sont installés :
Le dispositif expérimental participatif
Province | Modalité | Modèle agroforestier |
Nbre de parcelles en Dec. 2019 |
Nbre de parcelles en Dec. 2020 |
Nbre de parcelles en Dec. 2021 |
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SAN CRISTOBAL | Création | N°1 | 3 | 1 | 3 |
N°2 | 3 | 1 | 3 | ||
Témoin | 3 | 1 | 3 | ||
Réhabilitation | N°1 | 3 | 1 | 3 | |
N°2 | 3 | 2 | 3 | ||
Témoin | 3 | 2 | 3 | ||
DUARTE | Création | N°3 | 3 | 2 | 3 |
N°4 | 3 | 2 | 3 | ||
Témoin | 3 | 3 | 3 | ||
Réhabilitation | N°3 | 3 | 3 | 3 | |
N°4 | 3 | 3 | 3 | ||
Témoin | 3 | 3 | 3 | ||
TOTAL | 36 | 24 | 36 | ||
P: nombre de producteurs impliqués | 17 | 15 | 23 | ||
C: nombre de producteurs entrants-sortants | 17-0 | 7-9 | 12-4 |