Assurer le suivi et consolider le REP : Réseau Expérimental Participatif

  1.  → 
  2. Cacao Forest en République Dominicaine
  3.  → Réseau Expérimental Participatif

Qu'est-ce que le REP ?

Réseau Expérimental Participatif

En République Dominicaine, le cacaoyer est cultivé en association avec d’autres végétaux. C’est une pratique courante des producteurs dominicains de planter diverses espèces sur leurs parcelles. Ce mode de culture, riche en biodiversité, est appelé « Agroforesterie » lorsqu’au moins une des espèces cultivées en association est une plante ligneuse vivace. Ce sujet est au coeur de notre projet. L’agroforesterie permet de diversifier la production et ainsi récolter une grande variété de fruits, légumes ou bois pour la consommation familiale, la consommation animale ou pour la vente. De plus, la diversité des plantes cultivées génère de nombreux avantages dans l’équilibre écosystémique.

Le Réseau Expérimental Participatif (REP) apparait comme une expérience scientifique en trois étapes qui s’appuie sur les connaissances locales des cacaoculteurs et de leurs familles pour optimiser les bénéfices de l’agroforesterie.

1ère étape

La première étape a consisté à réunir des groupes de producteurs de différentes régions du pays pour développer de nouveaux modèles de culture des cacaoyers, cherchant à améliorer les revenus générés par les plantes cultivées sur la parcelle.

2ème étape

La deuxième étape a consisté à générer le REP, en valorisant chaque modèle élaboré dans des exploitations de producteurs volontaires, sous un dispositif expérimental avec répétitions et témoins de référence.

3ème étape

Actuellement, avec le suivi des paramètres économiques, agronomiques et écologiques de chaque modèle dans un contexte local, et avec la documentation de chaque adaptation apportée à chaque modèle initial, dans un échange constant avec les producteurs concernés.

On peut dire que le REP est un essai scientifique qui implique les familles de producteurs et s’appuie sur plus de 60 espèces cultivées aujourd’hui dans les plantations dominicaines pour créer et tester des systèmes agroforestiers innovants qui génèrent de meilleurs revenus.

Réseau Expérimental Participatif

Mais comment est née cette expérimentation et quels sont ces modèles d'agroforesterie ?

Entre 2014 et 2017, à la demande de plusieurs chocolatiers français qui achètent leur cacao en République dominicaine, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) a réalisé un diagnostic des plantations de cacao dominicaines et caractérisé la production de cacao dans quatre provinces : San Cristóbal, Duarte, Hato Mayor et Seibo.

Ce diagnostic a mis en évidence 5 grandes réalités de la production cacaoyère dominicaine :

1
2
3
4
5
1

La grande majorité des fermes ne dépassent pas les 3 hectares et se concentrent sur la récolte du cacao

2

Les parcelles de culture du cacaoyer sont toutes en agroforesteries et hébergent une grande diversité de plantes cultivées en association avec les cacaoyers. Plus de 60 espèces différentes ont été identifiées.

3

Les plantations dominicaines sont peu rentables et beaucoup de produits non utilisés dépérissent

4

Plus de 70% des producteurs ont plus de 60 ans et les jeunes ne souhaitent pas prendre la relève

5

Le niveau d’éducation et d’expertise technique des producteurs est faible

Ce diagnostic a suscité l’intérêt (et l’inquiétude) de 6 chocolatiers français (Valrhona, Weiss, Révillon, Voisin, Carambar et AlterEco) et l’association de pâtissiers « Relais Desserts » à 3 niveaux :

Comment associer à l’image du cacao dominicain le bénéfice de la grande biodiversité qui lui est associée?

Les revenus provenant des plantations dominicaines assurent-ils la continuité de la production de cacao à moyen/long terme ?
Quelle certitude existe-t-il quant à la pérennité de la qualité aromatique du cacao dominicain ?
Peut-elle être préservée telle qu’elle est aujourd’hui ?
Il est évident que l’avenir de la culture du cacao dominicain dépendra de sa capacité à générer des revenus suffisants pour les producteurs. Ainsi les jeunes pourront envisager de prendre la relève de la production de cacao et l’activité agricole reprendra de la valeur. C’est dans ce contexte qu’est né le Réseau Expérimental Participatif du Projet Cacao Forest : comme une expérimentation basée sur la biodiversité cultivée dans les plantations de cacao dominicaines, qui s’est déroulée en deux phases :
La première phase a été réalisée entre 2017 et 2018 (plus de 30 ateliers pendant un an) et a consisté à développer, de manière participative, avec des groupes de producteurs et des experts techniques en cacao-culture, 4 modèles d’agroforesterie qui combinent une diversité de cultures qui génèrent plus de revenus. Ces quatre modèles sont décrits dans le guide technique et scientifique du REP qui a été élaboré à l’issue de cette première phase.
La deuxième phase a consisté à amener ces modèles sur le terrain et à les mettre en œuvre dans des exploitations de producteurs volontaires, où ils peuvent être comparés entre eux, ainsi qu’à des modèles de référence dits « témoins », qui sont des systèmes de culture de cacao simples (cacao avec banane) et les parcelles de cacao traditionnelles.

Le caractère original et unique du Réseau Expérimental Participatif est double :

1. Les producteurs sont impliqués

Il s’agit d’une expérimentation menée dans les fermes des producteurs et non en « environnement contrôlé ». Les producteurs volontaires signent une convention avec le projet dans laquelle ils s’engagent à dédier un espace sur leur ferme pour expérimenter un ou deux modèles de leur choix. Dans cette convention, ils s’engagent à respecter le protocole d’installation de chaque parcelle et à fournir la main d’œuvre pour les tâches prévues. De plus, ces producteurs soutiennent l’équipe technique de Cacao Forest en tenant des registres des revenus (récoltes) et des dépenses (intrants, main-d’œuvre) liés aux parcelles. De son côté, le projet s’engage à faciliter l’assistance technique, la formation agronomique et scientifique pour la collecte des données, ainsi que les intrants (plants, engrais, outils) nécessaires à la conduite de l’expérimentation.

2. Le REP est adapté à leur réalité

C’est un réseau évolutif, c’est parce que le projet Cacao Forest cherche à adapter les modèles élaborés à la réalité de la campagne dominicaine et aux différents défis des producteurs, qui vont de la gestion des maladies, la gestion de l’ombrage et l’entretien des parcelles, à la commercialisation des cacao et produits associés. Chaque changement ou modification apporté à un modèle est documenté et enregistré. Les modèles développés disposent d’un délai de 3 à 5 ans pour obtenir des données suffisantes pour obtenir des informations précises sur les revenus, les coûts et les bénéfices et ainsi pouvoir les évaluer dans une approche économique, agronomique et écologique.

Les modèles agroforestiers

Les modèles agroforestiers sont l’axe autour duquel s’articule le REP du projet. Chaque modèle associe différentes variétés de cacao avec une combinaison d’espèces de plantes cultivées, toutes choisies par les producteurs et techniciens qui ont participé aux ateliers d’élaboration. Il existe deux modèles qui ont été suggérés par des producteurs et des techniciens de la province de San Cristóbal.

Ces modèles sont basés sur un total de 8 variétés de cacaoyers, qui se répartissent en 4 variétés pour le modèle N°1 (ICS-39, ML-4, ML-103 et UF-221) et 4 variétés pour le modèle N°2 ( GS-36, ICS-95, ML-22 et UF-676). De plus, ils comprennent au total 16 espèces de plantes cultivées en association avec les variétés de cacaoyers citées, dont 9 espèces dans le cas du modèle n°1 (Avocat, Bon pain, Noix de coco, Corossol, Mandarine, Orange amère, Bananier, Yautía et Zapote) et 10 espèces dans le cas du modèle n° 2 (Avocat, Acajou africain, Gingembre, Higuereta, Citron persan et créole, Melina, Bananier, Chêne créole et Yautía).

Il existe deux autres modèles qui ont été proposés par des producteurs et des techniciens de la province de Duarte. Ces modèles sont basés sur un total de 15 variétés de cacaoyers, qui sont réparties en 10 variétés pour le modèle n°3 (ICS-1, ICS-39, IML-44, IML-53, ML-66, ML-103, RZ- 12, RZ-44, RZ-83 et RZ-100) et 7 variétés pour le modèle N°4 (ICS-39, ICS-95, IML-53, IML-119, ML-22, ML-105 et UF-296 ). De plus, ils comprennent au total 13 espèces de plantes cultivées en association avec les variétés de cacaoyers citées, dont 8 espèces dans le cas du modèle n°3 (Avocat, Bija, Coco, Orange douce et aigre, Piñon de Cuba, Banane et Yautía) et 9 espèces dans le cas du modèle n°4 (Avocat, Curcuma, Gingembre, Poivre, Piñon de Cuba, Banane, Orange douce et aigre, Yautía).

Enfin, une expérimentation nécessite toujours un témoin, qui sert de référence pour pouvoir comparer la portée des 4 modèles développés non seulement entre eux mais aussi avec (i) le modèle traditionnel de la culture du cacao dans chaque province appelé « Business as usual « . ” (BAU) et avec (ii) le modèle classique de culture du cacao tel que recommandé dans la plupart des guides techniques d’Amérique latine : le modèle agroforestier simple qui associe le cacao au plantain.

Modalités d'application des modèles

Chaque modèle est évalué sur le terrain selon deux modalités :

Développement

La modalité de développement (F) où le modèle est créé sur un terrain propre qui répond à 3 critères : l’utilisation antérieure du sol ne peut pas avoir été une forêt sous quelque forme que ce soit, l’emplacement de la parcelle doit être facilement accessible et dans une zone écologique appropriée pour la culture du cacao, les caractéristiques du sol doivent être adaptées à la culture du cacao.

Réhabilitation

La modalité de réhabilitation (R) où une plantation de cacao ancienne et/ou improductive est transformée en un des modèles agroforestiers choisi par le producteur, dans un processus graduel qui dure 3 à 4 ans. L’ancienne cacaoyère sélectionnée doit répondre à 2 critères : la localisation de la parcelle doit être facilement accessible, la productivité de la parcelle (cacao et cultures associées) doit être faible.

Pour chaque modalité, il y a 3 répliques de chaque modèle qui sont installées dans les fermes de producteurs. Enfin, dans chaque province, sont installés :

3 répétitions du contrôle agroforestier simple, composé de l’ensemble des variétés de cacaoyers présentes dans les modèles appliqués dans la province (Modèles 1 et 2 dans la province de San Cristóbal et modèles 3 et 4 dans les provinces de Duarte et Hato Mayor) en association avec le plantain.
3 répliques du contrôle BAU (Business As Usual), qui consistent en des plantations agroforestières typiques de chaque province.

Le dispositif expérimental participatif

Chaque parcelle expérimentale installée sur la ferme d’un producteur volontaire a une superficie de 0,25 ha. Le nombre total de parcelles installées à ce jour est de 54, avec la répartition présentée dans le tableau suivant :
Province Modalité Modèle
agroforestier
Nbre de parcelles
en Dec. 2019
Nbre de parcelles
en Dec. 2020
Nbre de parcelles
en Dec. 2021
SAN CRISTOBAL Création N°1 3 1 3
N°2 3 1 3
Témoin 3 1 3
Réhabilitation N°1 3 1 3
N°2 3 2 3
Témoin 3 2 3
 
DUARTE Création N°3 3 2 3
N°4 3 2 3
Témoin 3 3 3
Réhabilitation N°3 3 3 3
N°4 3 3 3
Témoin 3 3 3
 
TOTAL 36 24 36
P: nombre de producteurs impliqués 17 15 23
C: nombre de producteurs entrants-sortants 17-0 7-9 12-4

Perspectives et portée de la coopération internationale

Le Réseau Expérimental Participatif représente un élément d’intérêt pour la coopération française, notamment pour l’Agence Française de Développement (AFD), dans le cadre de l’appui qu’il apporte aux institutions publiques et privées de la filière chocolat dominicaine. L’AFD, ainsi que les chocolatiers français et dominicains, sont attentifs aux résultats et aux données offerts par le REP afin de pouvoir mettre en œuvre une proposition de création d’un programme de réhabilitation et de rénovation des plantations de cacao en République Dominicaine.
Innover ensemble pour la cacaoculture de demain

Inscrivez-vous à notre newsletter

Abonnez-vous à notre lettre d'information et tenez-vous informé des dernières innovations dans le domaine de la cacaoculture.

Votre inscription a été prise en compte !

Innover ensemble pour la cacaoculture de demain

Subscribe to our newsletter

Join our mailing list to receive the latest news and updates from our team.

You have successfully subscribed!