La filière cacao est complexe et morcelée. Les pays producteurs sont répartis sur la ligne équatoriale, tout autour du globe et les exploitations sont le plus souvent de petites parcelles vieillissantes aux pratiques agricoles disparates. Parallèlement, le consommateur final, de plus en plus sensibilisé aux enjeux sociaux et environnementaux, recherche des produits éthiques, responsables, durables. Mais comment garantir la traçabilité des fèves sur un marché si fragmenté ? Et comment garantir un niveau de vie décent aux producteurs ?

Pour tenter de répondre à cette problématique, les parties prenantes de la filière cacao, se sont réunis pour établir une norme volontaire internationale, un référentiel commun et universel qui fixe les critères de production d’un cacao durable. Une gestation qui a duré 6 ans et a donné naissance, cette année, à la norme ISO 34101. Cette norme couvre les aspects organisationnels, économiques, sociaux et environnementaux de la culture du cacao, comprend des exigences strictes en matière de traçabilité, et offre davantage de clarté quant à la durabilité de la filière.

Déforestation et travail des enfants

Déforestation et travail des enfantsSix années de travail auront été nécessaires pour accorder les points de vue, parfois divergents, des différents acteurs à l’échelle mondiale. « Si la déforestation n’est pas acceptable d’un point de vue européen, elle peut être liée à questions de survie du point de vue pays producteurs », illustre Florence Pradier, secrétaire générale du Syndicat du chocolat. En effet, les cacaoyers ne peuvent vieillir trop longtemps sur pied, sous peine de perdre en rendement (au-delà de 20 à 25 ans), or l’âge moyen des plantations atteint 30 ans au Ghana et en Côte d’Ivoire et 45 ans au Cameroun, posant le défi du renouvellement.

Autre exemple avec le travail des enfants, interdit en Europe mais fréquent dans les pays en développement, notamment dans le cadre de plantations familiales. Les participants se sont donc entendus pour retenir les conventions de l’Organisation Internationale du Travail comme référence : il est toléré s’il contribue à l’économie familiale, ne nuit pas à la scolarisation des enfants et ne les met pas en danger. Une question de compromis. Pour accompagner les producteurs dans une transition en douceur, la norme volontaire définit trois seuils de progression sur ces critères sensibles.

Un référentiel en 4 parties, pour une mise en œuvre par étapes.

La norme ISO 34101 s’articule autour de 4 pôles.

  • Le premier s’attache au système de management de la durabilité du cacao, inspiré des normes ISO 9001 (qualité) et ISO 14001 (environnement).

  • Le deuxième définit les critères de durabilité qui ont été retenus, répartis en trois grandes familles : environnementale, économique et sociale. L’objectif est d’améliorer les conditions de vie des producteurs tout en respectant l’environnement.

  • Le troisième s’attache à la traçabilité et aux manières de s’assurer que la fève de cacao provient bien d’une plantation durable, en conformité avec les critères du 2e volet. Un aspect fondamental dans un secteur marqué par des circuits longs et un grand nombre d’intermédiaires.

  • Enfin, le quatrième détaille les méthodes d’évaluation.

Cette norme se veut un point de départ pour les producteurs qui ne seraient pas familiarisés avec le concept de production de fèves de cacao de manière durable, et leur donne du temps pour satisfaire progressivement aux exigences de la Partie 1, à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience.

ISO 34101, complémentaire des labels existants

Producteur de cacao sur sa parcelle en République DominicaineLa série ISO 34101 est le fruit d’une collaboration entre le CEN (Comité Européen de Normalisation) et l’ISO (Organisation internationale de Normalisation). Les deux organisations ont mis en place des comités de normalisation composés d’un large éventail d’experts internationaux et d’une forte représentation des acteurs terrain.

Il existe déjà différents labels de certification pour l’agriculture biologique (AB, Eco-cert, …) ou le commerce équitable (Utz, Max Havelaar, …). Ces labels sont communs à différents secteurs d’activité et sont spécifiques à un pan du développement durable : l’environnement ou le social tandis que la norme ISO 34101 intègre les 3 dimensions du développement durable : économique, environnementale et sociale. Développée par les acteurs de la filière, elle intègre les spécificités de la culture et du marché du cacao.

Elle contribue à la concrétisation de 4 ODD (objectifs de développement durable) des Nations Unies, dont le but est de créer un monde meilleur et plus durable d’ici 2030 :

·       ODD 2 : éliminer la faim

·       ODD 8 : assurer un travail décent et la croissance économique

·       ODD 10 : réduire les inégalités

·       ODD 12 : permettre une consommation et une production responsables